
En faisant mon jogging ce matin, alors que mes jambes me portaient comme si elles étaient animées d’un volonté propre, je me suis souvenue des mots de Gérard, mon prof de gym généralissime de l’AFD.
« Ton corps se souvient », me disait-il pour m’encourager quand je galérais pour reprendre la gym après la naissance de ma fille.
Et c’est vrai, le corps se souvient. Des mouvements appris et maintes fois répétés. Qui reviennent sans avoir besoin de repasser par le cerveau. Facilement. Comme quand on reprend sa guitare après des mois ou des années sans jouer et que les doigts se souviennent du morceau.
Mais pas que. Le corps se souvient des blessures aussi. Notre vécu plus ou moins traumatique n’est pas toujours accessible à notre conscience, qui fait ce qu’elle peut pour nous protéger et nous permettre d’avancer dans la vie. Mais le corps, lui, sait.
En décodage biologique, quand les gens viennent me voir pour des douleurs musculaires ou articulaires inexpliquées, j’adore leur faire faire cet exercice. Prendre la pose. Il s’agit de remettre le corps dans la position précise, juste avant que ça ne commence à faire mal. Cette petite seconde où tout bascule. Avant c’est confortable. Et un millième de seconde plus tard, la douleur démarre.
Et là, quand on plonge entièrement dans les sensations de cette douleur, la mémoire apparaît. Etonnante parfois. La première fois que j’ai fait cet exercice, la personne sur qui je travaillais avait eu une douleur brutale aux orteils en laçant ses chaussures un matin. Je la remets en position, tout doucement, pour éviter une douleur brutale et tout d’un coup, il voit un de ses ancêtres dans les tranchées. A genoux. Dans cette même position. Le pied plié, les orteils recourbés. Il sait qu’il faut qu’il aille au combat mais il sent que ce n’est pas son jour, que ça va être terrible cette bataille.
Alors ce qui est intéressant c’est qu’en libérant cette mémoire, en reconnaissant la douleur de cet ancêtre, en cette minute qui a précédé sa mort, en lui rendant, en quelque sorte, son histoire, la douleur de son descendant disparaît.
Croire ou ne pas croire, c’est un long et fructueux débat. Maintenant, l’important, c’est que ça marche, non?